Fin Chapitre 15 et chapitre 16 en entier!!

-« il ne m’a demandé de partir. Mais je l’ai fait. »

Je baissai les yeux pour verser les quelques larmes qui vinrent à moi. Harry et Kath ne bougèrent pas d’un pouce.

-« je suis partie sans dire quoique se soit, du jour au lendemain. Alors qu’il ne m’avait rien dit de précis, ni même demandé de partir… j’ai juste voulu effacer tout ça de mon esprit, comme on efface un dessin ou des phrases sur un tableau noir… il m’a même dit qu’il m’aimait le soir avant que je… fuis…. »

Je regardais à présent mes amis. Dans leur regard beaucoup d’incompréhension. Ne pouvant plus me tenir, je m’affalais par terre contre le bar.

-« je suis une horrible personne… je suis une horrible… »

Le reste se brouilla dans les sanglots.

Chapitre 16: 

ainsi va la v…

Fuite en avant. Voilà quelques mots que je connais bien. Je suis la reine de la fuite en avant ! Dès qu’une chose ne me plait pas, je pars, dès qu’un truc cloche, je pars. Qu’importe les mots prononcés, qu’importent les paroles dites, je finis toujours par partir. Je pensais juste que j’étais loin de toutes ces conneries, que j’avais passé l’âge de me cacher. En un sens, je suis d’une lâcheté implacable, parce que dès que la vie se complique ou ne rime pas avec mes attentes, je prends mes jambes à mon cou et je vais le plus loin possible. Plus je fais ça et plus je reproduis les mêmes erreurs et rien n’y change, que se soit au bout du monde, dans un contexte où personne ne me connaît, c’est toujours la même rengaine.  Je ne suis pas une battante, mais bien une perdante. Je ne sais pas composée face à l’adversité !

Le nombre de boulots que j’ai foutu en l’air, le nombre de cadavres de relations sentimentales que je traine ! Maintenant je suis obligée de me voir dans le miroir telle que je suis vraiment, une trouillarde doublée d’une handicapée sociale. Je n’arrête pas de penser à tous les cœurs que j’ai pulvérisés sur mon passage, je mérite bien l’appellation de menthe religieuse ! Je couche avec mes victimes et je leur bouffe le cœur encore tout chaud, une fois que j’ai eu ce que je veux, je me tire ! Je suis pire encore que tous les hommes que j’ai osé appeler enfoirés affectifs ! Je suis le plus gros prédateur de tous les temps ! Et ce n’est pas un compliment !

Je me passais la tête sous le robinet de la salle de bain.

Après cette révélation grandiloquente, je passais les derniers mois de Printemps à me remettre en question. Je décidais d’accepter un travail de dactylo dans une école d’arts. Je me coupais les cheveux et passais tous les week end chez mes parents. Kath et moi, étions un peu en froid, elle me somma de lui envoyer un mot, un mail ou même encore une lettre. Mais je ne le fis pas, pas par cruauté, mais parce que je n’y arrivais pas. Que devais lui écrire ? « Excuse moi de t’avoir péter le cœur, je pense à toi. » ? Ou peut être « insulte moi, traite moi de salope, mais je t’en supplie appelle moi, je t’aime. » ?

Je quittais le bureau de l’école tôt dans la journée. Il faisait chaud, l’été arrivait à grand pas.

Je décidais de faire un tour le long dela Seineavant de rentrer. Puis je repris la direction de la maison, je montais les escaliers un à un, revigorer de ma petite promenade. Je me stoppais nette à peine arrivée sur le palier, Kath m’y attendait, avec un air contrarié. Sans dire un mot elle me tendit une enveloppe rectangulaire.

-« tu as intérêt à y aller. » me dit elle avant de repartir.

J’ouvris l’enveloppe et tombait sur une invitation à un vernissage. Le sien. Shannon avait finit son travail et présentait sa nouvelle expo, ici, à Paris. Mon estomac se noua.

-« que vas-tu faire ? » me demanda Harry.

-« si je ne fais rien, je vais encore plus le regretter, je l’ai abandonné alors qu’il était prêt à me donner le monde entier… j’ai saboté consciemment notre relation tout ça parce que je suis une conne. »

-« tu n’es pas une conne, tu as juste trop peur de t’engager, ça arrive aux meilleurs d’entre nous. »

-« pas à toi, regarde tu vis une super relation avec Hannah et l’année prochaine elle aura la bague au doigt. »

Il parut gêné.

-« j’ai rompu avec elle il y a un mois. » m’avoua t-il.

-« HEIN ??! Mais pourquoi ??? »

Il se leva pour donner un sens à sa réponse.

-« parce que je ne suis pas prêt à épouser qui que se soit. »

-« mais c’était ton rêve ! Épouser une gentille écossaise… que t’est-il arrivé ? »

Il touchait un peu tout et n’importe quoi sur mes étagères.

-« je suis tombé amoureux d’une autre… »

Je posais ma main sur son épaule.

-« qui ? »

Il se retourna sur moi. Je compris assez rapidement, il n’y avait aucune équivoque.

-« moi ?? » dis-je atterrée.

Il baissa les yeux.

-« mais je suis un cas ! Et surtout nous sommes amis depuis maintenant 15 ans !! Pourquoi maintenant ? »

Il me lança un sourire triste.

-« ça tombe comme ça, quand on ne s’y attend pas. »

Je réfléchis un instant.

-« alors le bouquet de roses bleues c’était toi ? »

-« quel bouquet… non, non ça n’était pas moi… écoutes n’en parlons plus. Tu es visiblement amoureuse de Shannon et tu dois faire ce qui doit être fait. »

Je me tus un instant.

-« oui, mais toi ? » finis-je par dire.

Il haussa les épaules.

-« je ne suis pas arrivé au bon moment, je m’en remettrais ma belle. »

Il me prit la main et me fit le baisemain.

-« je te laisse, il faut que tu te prépare pour ce soir ? »

-« qu’y a-t-il ce soir ? »

-« … l’exposition. »

Ah oui, l’exposition… néanmoins, c’est fou la vie, je veux dire, je le sais qu’Harry est la perle rare, habitant paris, parlant 3 langues étrangères, s’habillant toujours avec goût, parlant avec beaucoup d’aisance et de correction, il est aussi bien éduqué, financièrement stable, indépendant. Et amoureux de moi ??! Non, vraiment pourquoi me l’avoir dit ? Remarque, il ne me l’aurait pas dit, j’aurais fini par l’apprendre et je l’aurais sermonné. Pourquoi ne serais-je pas tenter de faire ma vie avec un homme comme lui ? C’est bizarre, je n’ai jamais de ma vie fantasmer de près ou de loin sur lui ! Est ce parce qu’étant un cas, je ne m’intéresse qu’à ceux qui pourrait me faire du mal ? Non, stupide pensée, Shannon… mon ventre se serra… on ne va pas prononcer son nom encore moins le penser, je dirais Lui. Et donc Lui n’est pas parfait c’est sûr, il a toujours ce petit air narquois et condescendant qui me vexe la plupart du temps, Lui  ne s’habille pas comme les gentlemen anglais, il serait plus entre le vagabond, James bond par moment et l’aventurier. Il a aussi un tic, qui m’énerve souvent, il mange la bouche ouverte, je trouve ça… dégoûtant. Mais sinon, il est doux, tendre, compréhensif, à l’écoute, il est…sexy, très doué au lit, très bon embrasseur. Et je dois dire que ce dernier point est crucial, parce que c’est vrai, en un baiser, les femmes savent si c’est le bon ou pas. Et là, je me sens très très mal, parce que ce premier baiser avec Lui… c’était parfait.

Je bus mon verre de Martini cul sec. Un remontant ne me fera pas de mal, j’allais affronter la pire des situations jamais encore vécues. J’enfilais mon tailleur pantalon, le plus strict et froid que je trouvais. Pourquoi ? Mais parce que je suis une grande dramaturge ! Et que pour moi, affronter ça, je préfère paraître impressionnante. Je me reluquais dans le miroir de la chambre.

Je me fis penser à Mme Palois, mon ancienne institutrice, beauté froide, voir même glaçon sur les bords. Non, je ne peux décemment pas venir habillée comme une maitresse autoritaire et frigide. Là n’est pas le but, j’enfilais donc une petite robe noire avec une paire de ballerine et une petite veste façon uniforme d’école catho… je me regardais… toujours pas ça ! Je jetais tenue après tenue sur le lit. Pour finalement m’asseoir en culotte par terre.

Je ne peux pas me pointer comme une fleur ! Comme si rien ne c’était passé… je mis mon visage entre mes mains. D’un coup la sonnette de mon appartement se déclencha. J’enfilais rapidement un peignoir pour aller voir. Kathya attendait derrière la porte. Je lui ouvris.

Elle me regarda de haut en bas.

-« charmante tenue. » dit elle de son air pincé.

-« tu venais voir si j’avais bien suivit à la lettre tes ordres ? » dis-je avec mauvaise volonté.

-« si c’est le cas, je vois que tu n’as pas l’intention d’y aller… »

Je soupirais.

-« c’est pas ça. »

-« ah oui, alors le peignoir est revenu à la mode cette année ? »

Je la regardais.

-« je n’arrive pas à m’habiller. »

Elle croisa les bras. Toujours sur le pas de la porte, avec ce visage renfrogné.

-« Kath… j’ai besoin de toi. » lui dis-je.

Elle se dégela un peu, mais je pense qu’elle attendait des excuses en béton armé.

-« Kath, sans toi je n’y arriverais pas, tu es ma meilleure amie, celle qui connaît tout de moi et qui ne m’a jamais fuit pour autant… s’il te plait, aide moi. »

Elle leva les yeux au ciel.

-« très bien, tu as gagné ! » capitula t-elle.

Elle entra dans ma chambre.

-« olalalala… catastrophe…. »

-« oui je sais, mais encore ? »

-« tiens, pourquoi pas le tailleur pantalon… »

-« trop entretien d’embauche… »

-« tu as raison… alors la petite robe à fleurs ! »

-« je ne vais pas jouer dans Belle et Sébastien, mais plutôt dans un remake des liaisons dangereuses… »

-« alors tu as une robe en acrinoline ? »

-« HA HA HA très drôle… »

-« ouh tu es bien angoissée. » dit elle.

Elle pointa le verre de martini.

-« tu en es au combientième ? »

-« quatre… »

-« d’accord, alors arrêtes le martini parce qu’au lieu de lui parler avec franchise, tu risque de lui vomir dessus et se serait bien embarrassant. Tiens, j’ai ce qu’il te faut le Jean Denim que l’on a acheté ensemble chez Zara, un débardeur blanc avec le gilet noir par-dessus et des boots. »

Je fis la moue.

-« pas mal. » dis-je.

-« et laisse tes cheveux lâches, genre tu n’as pas prit le temps de te coiffer et tu as courus pour le rejoindre ! »

J’enfilais tout ça.

-« tu crois que ça va marcher ? » dis-je très angoissée.

-« et bien, tu es partie sans laisser un mot et tu ne lui as donné aucune nouvelle, alors… je ne sais pas, mais je suis allée allumer un cierge pour toi aujourd’hui… prions pour qu’il soit vraiment enclin à te parler. »

Une fois prête, je lui demandai de m’accompagner.

-« oui. » dit elle simplement.

Nous traversâmes Paris pour rejoindre une toute petite galerie dans le quartier St Michel, mon cœur ne battait presque plus, j’avais du mal à respirer.

Nous entrâmes dans la salle, il y avait beaucoup de monde, tous les bobos parisiens étaient venus. Une jeune asiatique, d’une beauté réelle vint à notre rencontre.

-« bonsoir mesdames. »

-« bonsoir. » répondîmes en cœur.

-« connaissez-vous l’artiste ? »

Je me raclais la gorge.

-« non. » répondit Kathya.

-« très bien, alors je vous explique un peu le concept. Le thème est « l’autre », c’est une réflexion photographique et identitaire de la personne énigmatique que l’on cherche. L’artiste a fait ressortir son cœur et son être dans cette œuvre. Il vous suffit de suivre son résonnement, et les petites étoiles au sol pour ne pas perdre le fil. »

Elle nous tendit des petits programmes et nous invita à entrer dans son monde.

Pour ma part, j’étais en proie à une terreur intérieure tout à fait réelle.

Les photos étaient géantes sur de larges pans de murs. Toutes en noir et blanc, sur le sol noir était collé de petites étoiles de couleurs, qui scintillaient à la lumière.

-« il a fait les choses en grand. » admira Kath.

J’hochais la tête, ne regardant pas vraiment les murs, mais plus les gens autour. Je redoutais l’instant où je le verrais, car je savais que le coup de poignard dans le cœur allait probablement m’achever.

-« Eglantine…. » Murmura Kath.

-« je sais, je dois le trouver, mais il y a trop de monde ! » dis-je exaspérée.

Elle m’attrapa le bras, je me retournais sur elle.

-« quoi ? »

-« regarde… » Dit-elle comme choquée.

Je levais les yeux sur la photo n° 4 et fut prise de vertiges.

-« ça n’est pas la photo que tu avais reçu ? » dit-elle.

-« non…. enfin si… je veux dire…merde. »

Kathya avança et me laissa complètement bouche bée devant ma photo qui faisait largement la taille d’un panneau publicitaire de Time Square. Elle revint vers moi après quelques minutes.

-« je pense qu’on devrait y aller. »

-« pourquoi ? »

-« ne te retourne surtout pas. »

-« mais pour…. »

Je m’étais bien évidemment retournée. Tout autour de moi, j’étais cernée… par moi ! Ce n’étaient que des photos de moi, partout sur tous les murs, avec plus ou moins des indices pour me reconnaître.

-« Oh NON…. je rêve…. »

À propos de womanfromars

Grande fille de 28 ans, folle, passionnée, débordante d'idées à tout va!

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