la boite à musique suite

(Je précise que je suis de nouveau dans l’écriture d’un nouveau roman, qui s’appelle Clouds… a suivre)

Chapitre 17 : Mon disque est rayé

Une exposition photographique dédiée entièrement à moi. Il a fait ça. Il m’a placardé aux yeux de tous !! En prônant que je suis cette « autre ». Je devrais me sentir flattée ou même un peu honteuse. Mais à la place je suis en colère, oui parfaitement, je suis en colère ! Il m’a menti, tout ce temps où il disait qu’il ne me connaissait pas, qu’il ne connaissait pas mon nom, c’était faux et archi faux ! Le bouquet de roses bleues et la photo c’était de lui ! Quel… menteur fourbe ! Je lui aurais bien dit ces 4 vérités, mais malheureusement il n’a même pas daigné venir à sa propre expo. Quel culot ! Vraiment, j’ai bien fait de le quitter !

-« et donc ? Tu vas faire quoi ? » Me dit Harry.

-« j’ai récupéré son numéro de cell phone… je vais lui dire ce que j’en pense de son hommage à la féminité… »

Je pris mon calepin.

-« tu es sûre de vouloir faire ça ? » me dit à son tour Kath.

-« Oh que oui, ce salop menteur va voir la fureur de la féminité ! »

Je composai le numéro, ça sonnait en décalé.

-« ça va te couter cher… » Commenta Kath.

-« m’en fou ! »

Ça décrocha. Répondeur bien sur.

-« raccroche… » Me dit Harry.

Je m’exécutais.

-« je vais le rappeler… il ne s’en tirera pas comme ça ! »

Je bus une gorgée de thé au jasmin et engloutis une part de tarte au chocolat.

-« Loula, je te sens un peu à cran… » Dit Kath.

-« à cran…. A CRAN… TU CROIS !!!! »

Harry m’invita à m’asseoir, mais j’étais trop survoltée pour faire quoique se soit de statique.

Je marchais de long en large, dans ma petite nuisette violette en satin. Et je réalisais, le ridicule de la situation. Je me stoppais nette devant eux.

-« je suis encore en pyjama… »

Ils hochèrent la tête à l’unisson. Mon dieu, pauvre Harry, vraiment je n’avais aucun respect.

Je filais dans la chambre me vêtir. Enfermée dans la chambre je recomposais son numéro, pensant retomber sur sa messagerie, j’aurais plus de cran à lui dire ce que je pense par répondeur.

-« Listen… »

OH NON. Une femme avait décrochée. Je reçus un grand coup au cœur.

-« bonjour… euh… hello… »

-« bonjour. » répondit la dire femme avec un fort accent.

-« je voudrais parler à Shannon s’il vous plait. »

-« je suis désolée, Shannon n’est pas là. »

-« très bien, très bien… vous devez être la nouvelle, je suppose ? »

-« je vous demande pardon ? »

-« ne faites pas celle qui ne sait pas. Très bien, il est sortit vous lui direz quand il rentrera que l’autre conne qui l’aimait a téléphoné et qu’elle est furax contre lui ! »

-« je ne comprends pas tout… Shannon est partit. »

-« OUI j’ai comprit ça !! » dis-je très énervée.

-« il est partit au Tibet. »

Je déglutis avec difficulté.

-« au Tibet ? »

-« oui… depuis Mardi, il ne reviendra que dans 4 mois. »

-« Oh… bien…. »

-« voilà, au revoir. »

Elle raccrocha.

Je restais sur le lit, assise, brisée en mille morceaux. Il était partit, réaliser son rêve. Et moi ? Et bien moi je cours après quelque chose qui n’est plus. C’est marrant comme on ne s’attend pas que notre vie change d’un coup, du tout au tout. Je pense, je sais, que c’est la plus grosse claque que l’on m’ait mise dans la figure. Je pensais m’en être déjà pris plus d’une et des plus grosses, mais là… non je suis sûre c’est la plus grande. La vague qui attendait de me submerger depuis des mois, s’est brisée sur les restes de ma personne. Il est partit. Alors que fait on quand tout fout le camp ? Je veux dire comme une personne normale ? Pas comme une gamine de presque trente ans ?

La réponse est simple, on retourne là où les problèmes nous semblent bien loin et futiles. Chez ses parents. Retour aux sources. Pourquoi là ? Parce que le lien, ce lien n’est et ne sera jamais brisé, quoique vous disiez, quoique vous fassiez, les parents sont le meilleur refuge pour repartir du bon pied. Ils vous résonnent, vous aident, vous conseillent, vous écoutent, vous aime quoique vous soyez. Rien à voir avec un complexe Tanguy, ni rien de tout ça, c’est juste vital, un besoin d’être remis sur le droit chemin.

Ils m’accueillirent à bras ouverts, comme si je ne m’étais jamais fâchée avec eux.

-« et alors, tu vas faire quoi ? »

Maman avait enfin osé me parler, j’attendais qu’elle dise quelque chose d’autre que « ma loula, on va te bichonner » et ce depuis 2 semaines !

-« je sais pas. » dis-je en mangeant une cuillère de céréales.

-« et tu… écris encore ? »

-« non… Plus vraiment, j’ai le syndrome de la page blanche on dirait. »

Elle hocha la tête en silence, continuant de ranger les mêmes serviettes et torchons depuis 20 minutes.

-« et sinon, tu as eu de ses nouvelles ? » me demanda t-elle sans me regarder.

Comme si cette situation n’était pas assez dure.

-« non. »

-« tu pourrais l’appeler ? » dit elle en me regardant.

-« il est au Tibet maman… je ne suis pas sure qu’il y ait le téléphone là bas et je me vois mal faire de grands signaux de fumée dans le jardin, devant Mr et Mme Pecot, nos chers voisins. »

Elle poussa un soupir et finit par sortir de la cuisine.

L’été était en train de fuir derrière les fenêtres de la maison familiale. Et moi, moi je ne bouge pas, je n’écris plus, je ne rêve plus et pire que tout j’ai l’impression terrible que le gouffre dans lequel je suis est un puits sans fond, que je vais continuer à chuter. Il y des milliers d’expressions pour exprimer ce que je vis : « le creux de la vague », « la brasse coulée », « chute de l’arbre », « pied au mur » ou encore « devant un énorme fossé, qu’il ne me tarde pas de sauter ». Ceci étant dit, mon père me prouva encore une fois, que je devais me bouger. Il entra dans le salon, que je scouattais depuis ce début d’après midi.

-« tu as l’air bien joyeux papa. »

-« mais je le suis, j’ai les billets ! »

Maman leva le nez de ses mots croisés.

-« c’est vrai ?! » dit elle.

-« oui, ma chérie ! »

Elle lui sauta dans les bras.

-« je peux savoir de quoi vous parlez ? »

-« ta maman et moi, on part… »

-« Co…comment ça ?! Vous partez ?? Ou ?? »

-« oui, on en rêvait depuis un petit bout de temps et ton père m’a dit : si on se lançait ? »

-« d’accord, mais vous partez… vous vendez la maison ? »

Papa éclata de rire.

-« non ! On part en voyage… »

-« une deuxième lune de miel. » finit maman.

-« quand ? »

-« Samedi à 14h, Roissy Charles de Gaulle, tu pourras nous emmener ? »

-« euh oui, la destination ? »

-« les Seychelles… 3 semaines ! »

3 semaines. Je réalisai soudainement que je resterai 3 semaines dans la maison archie seule.

Je leur souris, pour montrer mon contentement de leur bonheur, sachant très bien que j’allais encore une fois affronter la solitude. Le samedi suivant c’était fait. Mes parents adorés allaient revivre une lune de miel dans un hôtel de luxe qui fait spa. Je passais la porte d’entrée, posant les clés dans le vide poche. La maison entière était silencieuse. Je retirais ma veste et la jetais négligemment sur le fauteuil de l’entrée. La seule solution que je vois pour ce soir, en 1 : un bon repas, en 2 : une bonne bouteille de la cave de papa, en 3 : The Temper Trap à fond sur la chaine stéréo et enfin, en 4 : ma terrifiante chemise de nuit à éléphants roses.

Je finis archie cuite à manger une merveilleuse composition de confits de canard sur un lit de roquettes, avec un paquet de marshmallows, arrosé de coulis de chocolat bu à même la bouteille. Dansant comme une folle un peu partout dans la maison. Je m’endormis finalement sur le canapé du salon. Réveillée en sursaut, je pris le téléphone et appelais Kath.

-« allo ? »

-« j’ai besoin de toi. » dis-je sans ménagement.

-« qui est ce ? »

-« Kath… ne joue pas à ça, c’est moi, Eglantine ! »

-« Eglantine qui ? »

-« Lemaire, ta meilleure amie… »

-« intéressant… si j’avais vraiment une meilleure amie, elle ne serait pas partie sans me prévenir et elle m’aurait appelé au moins une fois en 3 semaines… »

-« Kath… je t’ai laissé un message à l’appart. Et je t’appelle, là ?! »

-« par message, tu entends ce misérable petit post it collé sur la porte du frigo ? »

-« d’accord, d’accord, mais tu pourrais me rendre un service ? »

Elle eut un rire.

-« je t’en supplie Kath, j’ai besoin que tu ouvre ton livre d’interprétation des rêves… j’ai fait un rêve trop bizarre… »

-« tu plaisante j’espère ! »

-« non, je t’assure c’était atroce, j’ai rêvé que je me trouvais sur une plage, en pleine nuit et la mer était déchainée… »

-« … Eglantine tu es la plus incroyable nombriliste que je n’ai jamais vu… »

-« quoi ? »

-« comment ça quoi ??? Je te rappelle que j’ai une vie !!!!!! »

-« mais qu’est ce que tu as Kath ? Je me suis excusée, j’avais besoin de partir, et puis tu aurais pu m’appeler aussi !! »

-« tu es pas croyable Eglantine ! Arrête de retourner la situation, j’en ai marre de me mettre de coté à chaque fois que tu as un pet de travers. Je suis mariée, j’ai un époux, j’ai une maison à entretenir et bientôt plus ! Mais il n’y a que ta vie qui t’intéresse… »

-« c’est pas vrai… je me soucis de ton bonheur et de celui de mon entourage ! »

-« Ah oui, et Harry comment il va ? »

Grand silence.

-« tu vois, tu es incapable de prendre soin de ton entourage, je te rappelle quand même qu’il t’a déclaré sa flamme et que tout ce que tu as trouvé c’est de partir encore une fois, en prenant tes jambes à ton cou et en ne lui donnant aucune nouvelle. Et moi ? Et bien moi, je suis enceinte depuis 3 semaines et tu n’as même pas daigné te manifester… »

Très très gros silence au bout du fil.

-« j’avoue, je suis nulle. Mais j’ai une excuse valable, je ne sais plus qui je suis, je ne sais plus où aller, quoi faire de ma vie. J’aimerai fuir encore, mais ça ne me sauvera pas… je ne suis pas comme vous, je n’ai pas la facilité de vivre une vie normale, tout ce que je fais est d’une telle… enfin … je n’arrive pas à exprimer ça en mots, je suis perdue… est ce que tu veux bien me pardonner, je suis heureuse que tu sois enfin enceinte et que ta vie se passe comme tu l’as toujours rêvé… »

-« ne dis pas de bêtises, je t’en prie, tu crois que ma vie est parfaite ? Sérieusement Eglantine réveille toi, la vie n’est pas simple, pour personne et on n’a pas toujours ce qu’on veut ! J’aurais voulu être un grand juge et gagner immensément bien ma vie, à la place je suis juriste et je gagne à peine plus que le SMIC… »

-« mais Harry, lui… »

-« Harry lui non plus n’a pas la vie dont il a toujours rêvé, il est certes un grand avocat, mais sa vie familiale est chaotique et ce depuis des années, il ne parle presque plus avec son seul frère et avec son père n’en parlons pas ! Et en plus de ça, sa vie sentimentale est décousue, bercée d’illusions et d’utopisme… la preuve il est tombé amoureux de toi. »

-« Kath… qui je suis ?? »

Elle soupira.

-« tu es une jeune femme de presque 30 ans, qui a besoin d’Eden pour vivre, mais l’Eden que tu recherches, il est au plus profond de ton être… il est dans ta tête, dans tes rêves. Il est aussi dans les lectures, dans les films que tu regardes, dans les séries télé que tu apprécies, il est dans le beau, l’extrême, le nouveau. Tu es une rêveuse hors pair, tu écris mieux que personne ce que les gens, les petites gens, aimeraient voir dans leur vie. Tu n’as pas besoin de te trouver… tu as juste besoin de te remettre à écrire pour toi, pour tes lecteurs et pour payer ton loyer ! »

J’eus un petit rire timide.

-« tu as oublié que j’étais une incroyable égoïste… » Dis-je honteusement.

Elle éclata de rire.

-« pardonnée. »

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